Pendant quarante ans, Sebastião Salgado a parcouru le monde à la découverte de ses splendeurs et de ses peuples. Et c’est sur le bord de la route, en France, pendant l’été 1986, qu’il a connu l’émerveillement. Sur cette édition du Tour de France remportée par Greg LeMond, devançant son coéquipier Bernard Hinault sur le podium.

Sebastião Salgado

Cette première victoire d’un cycliste américain sur la Grande Boucle n’est pourtant pas le propos de ce travail photographique. L’artiste brésilien préfère consacrer son attention sur les coulisses et les anonymes, ces « officiants » qui participent à la notoriété internationale de la course.

Sebastião Salgado

Dans le veine de confrères tels que Daniel Nouraud, Gilles Leimdorfer ou encore Emiliano Granado, le photojournaliste porte un regard décalé sur le sport cycliste pour le journal Libération. Comme sur les théâtres de guerre et dans les régions reculées qu’il a traversés pour raconter le quotidien des populations, Sebastião Salgado tourne son objectif vers les visages et capte les tranches de vie.

Sebastião Salgado

Et lorsqu’il s’intéresse aux affres du peloton, il parvient à saisir l’intensité particulière du moment. À conférer au cyclisme, qui entre dans une ère d’opulence budgétaire et médiatique, un supplément d’âme. Une espérance.

Sebastião Salgado

Ce travail unique consacré aux contours de l’humanité méritait un hommage. Et c’est dans cette intention respectueuse que Wim Wenders a consacré un film au photographe, Le sel de la terre, en 2014. Le photographe est mis en image. La boucle est bouclée.