Nombreux sont les supports qui véhiculent des données scientifiques ou techniques sur les cols. Des guides ou des sites qui placent le dénivelé en valeur suprême et octroient des indices de difficulté. Des informations qui semblent accessoires au moment d’attaquer un col, quand le grandiose et la légende viennent se mêler à l’ascension.

Albano Marcarini approfondit le propos. Il consacre son Grimpeur de cols à 30 sommets des Alpes dont il ne se contente pas de décrire la pente. Il dépeint l’ambiance qui règne en altitude. Il rappelle les faits qui ont participé à l’existence tant historique que géographique du col. Il raconte les événements cyclistes majeurs qui se sont produits dans la montée. Un récit qui donne des envies de conquête. 

« Les gens de la montagne auraient volontiers été confrontés à moins de cols, tandis que les villes de la plaine, celles à vocation commerciale tout comme les systèmes de pouvoir s’en sont toujours accommodés au contraire. À partir du Moyen-Âge, franchir les Alpes impliquait des contacts, des circulations, des échanges, le développement et la richesse. Les habitants de la montagne n’avaient que les miettes de tout cela, quand ils parvenaient, de paysans, à se muer en porteurs, à devenir muletiers, aubergistes, ou encore cantonniers. Dans d’autres cas, les Alpes représentaient une limite, un obstacle, aux yeux des généraux par exemple qui souvent, au moment de conclure un traité visant à établir la ligne de frontière, faisaient en sorte de s’accaparer telle parcelle au-delà de la ligne de partage des eaux permettant une meilleure surveillance du territoire ennemi. L’exemple du col du Petit St-Bernard est explicite où la frontière a été déplacée plusieurs fois, de quelques centaines de mètres seulement.
Pour le cycliste, c’est différent. Il lui suffit d’arriver au sommet. Puis de retourner à la maison pour pouvoir raconter avec fierté l’exploit aux amis, certain de susciter quelque envie. Dans ce livre, j’ai réuni une trentaine d’ascensions parmi les plus belles, les plus célèbres et les plus célébrées de l’arc alpin nord occidental. Ce sont des montées qu’un cycliste doit faire dans sa vie pour se considérer comme tel. Sans pour autant fournir des efforts accablants, en approchant ces montées face la tranquillité nécessaire, en passant un rapport agile pour pouvoir affronter avec sérénité également les rampes tenues pour exténuantes. Aujourd’hui, la technique le permet. »

Grimpeur de cols [Haute-Savoie – Valais – Vallée d’Aoste], Albano Marcarini, Cycle! & Rossolis, 2019

Albano Marcarini aime s’élever. Tant intellectuellement que sportivement. Urbaniste, il est l’auteur de nombreux guides, fige les paysages exceptionnels en aquarelles et dessine des cartes. Des tracés qu’il a parcouru en selle dans les Alpes et dans de nombreux autres pays du monde. Fondateur du magazine Cycle!, dans sa version italienne originale, il collabore régulièrement à la version française et délivre un message cycliste original.

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