Parpaillon est une œuvre cinématographique qui place le cycliste au centre de la dérision. Un objet ubuesque et satirique qui choisit le vélo comme prétexte. Ce film de Luc Moullet, réalisé en 1992, raconte l’épopée de 200 cyclistes se lançant à l’assaut de ce fameux col des Alpes du sud lors d’un rallye annuel. Pour gravir ce sommet abrupte, culminant à 2 645 mètres, les participants empruntent un chemin de muletier long de 66 kilomètres, enchaînement de lacets majestueux et de chemins caillouteux conclu par un tunnel sommital. Découpé en séquences courtes et récréatives, Parpaillon met en scène une flopée de personnages, du coureur cherchant la performance à tous crins à l’amateur empêtré inextricablement dans le cadre de sa bicyclette. Toutes les représentations de la comédie humaine défilent tour à tour devant nos yeux : le tricheur impénitent, le sportif avéré, l’homme pressé, l’amoureux (é)perdu, le pinailleur technique ou le pédaleur mystique. Les aléas de la route prennent une place d’importance dans ce récit décousu.

Le cycliste pratiquant trouvera dans chaque anecdote un air de déjà-vu, lorsque la chaîne coince, le pédalier grince et le trou sait se rendre invisible sur la chambre à air. La satire sociale, dans sa dimension sportive, vient se confronter à la ruralité et la rudesse de la montagne, et s’exprime pleinement sous les roues de ces forçats amateurs. Cette pièce filmée, atypique, railleuse et comique est l’occasion pour Luc Moullet de rendre un hommage appuyé à Alfred Jarry, comparse éternel du cycliste, en laissant ses personnages déclamer des extraits de son fameux texte « La Passion considérée comme course de côte » au gré de l’ascension.

Parpaillon est une création minimaliste, entre reportage et film expérimental, qui se pose en précurseur du road movie vélocipédique.