Pour vivre heureux vivons caché. Si les côtes méritaient une maxime, c’est sans hésitation celle-ci que j’attribuerais au Mur de Robersart.

Aucun panneau indicateur comme ceux qui drainent les amateurs de sensations fortes vers le Mur de Huy. Pas de prénom marqué au sol pour mettre du baume sur la souffrance de son champion. Rien de cette royale évidence qui vous conduirait les yeux fermés en haut de la Citadelle de Namur ou au sommet du Mur de Thuin. Le Mur de Robersart est l’un de ces enfants si doués qu’à la fin de la partie de cache-cache on manquerait presque de les oublier.
J’ai raconté ma course aux lecteurs du JDD.fr : la difficulté du parcours, un accident sans gravité et comment j’ai pioché.

Aux lecteurs du Gravillon, j’ai réservé le Mur de Robersart comme on transmet aux gens qu’on aime ses meilleurs coins à champignons. C’est sur votre droite que vous le trouverez en sortant de Floreffe. Un chemin de verdure. On pourrait s’y tromper si ce n’était cette pente – jusqu’à 24% – qui ferait presque hésiter. La suite est une affaire de style et pour ma part j’ai choisi la danseuse. L’ascension ne dure que quelques centaines de mètres mais la pente est si raide qu’autrement, assis, la roue avant menace dangereusement de se soulever.

Une côte est une affaire de cœur bien plus que de renommée, et tout ici est concentré. Le souffle que l’on croit maîtriser jusqu’à ce qu’il nous échappe. Cette douleur dans les cuisses qui pourrait ne jamais refluer. Les passants éblouis par tant de sacrifice absurde ou la limpidité du résumé : si j’avance c’est peut-être bien pour ne pas basculer. Enfin la ligne qu’on s’imagine, comme si c’était le Galibier…

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