Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Cycle ! dans sa déclinaison hiver 2020-21.

Michel Dalloni convie à un voyage intérieur. À l’intérieur de notre territoire. Au cœur de la France. Dans ce pays des « grisets » où le terroir réserve de terribles sévices aux cyclistes qui osent défier ses fiers dénivelés ruraux. Des pentes, au milieu de voies encaissées, qui rappellent les plus éprouvants murs des Flandres. Des raidillons à portée de vélo, en Charente, à quelques encablures de ce Limousin qui ouvre largement les poumons.

« Le mur de Beaulieu est une saloperie. De celles dont les cyclistes raffolent. Route droite comme un trait de fusain. Directissime, diraient les alpinistes. Ça tombe bien : ça grimpe. Du pied, on n’aperçoit pas le sommet. Déclivité moyenne : 20 %. Longueur : 500 m. Largeur : 2 m et encore. Des murs en pierre, de part et d’autre, lui donnant des airs de tranchées. Chaussée parfaitement dégradée, moussue par instants. M’en direz tant ! Sur la droite, à mi-chemin, une église du XIIe siècle. Plus près de Toi, mon Dieu. Sur la gauche, des champs en forme de toboggan. En haut, un chapelet de bâtisses vernaculaires à toit ocre. Tout autour, des bois de chênes et de châtaigniers tapissés de fougères.
Où sommes-nous exactement ? Dans les parages de Huy, en pleine Flèche wallonne ? Du côté de Grammont, à l’affût des échappés du Het Volk ? Entre Stockeu et Saint-Nicolas, stations sacrées du chemin de croix de Liège-Bastogne-Liège ? Non. Entre deux bergs assassins du Tour des Flandres, la Ronde van Vlaanderen si chers aux Flahutes ? Pas tout à fait. Car ici, c’est la Charente. Je dirais même plus : la Charente limousine. Sud-ouest de la France. Angoulême à l’horizon, Limoges en vue, le mur de Beaulieu entre les deux. Relief ondulé. Climat océanique, version plus-plus. Mais l’épreuve qui met ce décor en scène est intitulée, nous y voilà, les Flandres charentaises. »

La suite de ce texte « Flandres charentaises », écrit par Michel Dalloni, dans le numéro 16 de Cycle !.