Sucer, c'est gagner ? © Pédale! - Alexandre Pedro
Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».
Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Pédale!, à l’occasion de la sortie d’une intégrale rassemblant les dix premiers numéros (2011-2020) éditée à 500 exemplaires en automne 2021.
C’est donc en 2011 qu’un nouveau rendez-vous cycliste est instauré par So Press, éditeur du magazine So Foot et de plusieurs autres magazines thématiques, en prologue du Tour de France. Cette nouvelle parution annuelle baptisée Pédale!, au ton délicieusement décalé, vient renouveler le paysage de la presse consacrée au cyclisme. Un décalage qui s’affirme dès le premier article du premier numéro, signé Alexandre Pedro, dédié aux rouleurs sachant rester à l’abris dans la roue de leurs compagnons d’échappée les plus volontaires.
« Je vous le dis gentiment, mais c’est un sujet un peu misérabiliste. On ne traite pas comme ça un champion de suceur de roue. » Il a beau rester aimable, on sent bien que le sujet contrarie Jean-Paul Ollivier, 46 Tours de France et quatre biographies du Général au compteur. Un peu comme si on avait confondu une église romane avec une cathédrale gothique. Et pourtant. Au même titre qu’avoir « une bonne giclette », « faire dégueuler sa bouillie », ou « descendre comme une caisse à savon », « sucer la roue » figure dans tout bon lexique sur la chose cycliste. Dans Le Tour, 100 ans de légende, Robert Ichah donne la définition suivante, et elle est plutôt bonne : « Un suceur de roue n’est pas un coureur qui confond une roue de vélo avec un sucre d’orge, mais un malin qui s’exonère de sa part de travail en refusant d’assurer des relais. Le suceur de roue a mauvaise réputation. C’est un partisan du moindre effort. »
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Et ce Batave de Joop Zoetemelk, pas loin de deux décennies à prendre l’aspiration des Merckx et Hinault, il ne suçait pas un peu ? « Réducteur, calme tout de suite Paulo. Zoetemelk suivait Merckx et Hinault parce qu’il ne pouvait pas aller plus vite qu’eux. » Le voilà bien, le cœur du problème : le suceur sucerait faute d’avoir les jambes pour attaquer.
La suite de ce texte « Sucer, c’est gagner ? », écrit par Alexandre Pedro, dans l’intégrale des dix premiers numéros de Pédale!