Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans sa déclinaison hiver 2021-22.

Tous les prétextes sont bons pour rouler. Alain Servan-Puiseux et Swanee Ravonison ont saisi celui de l’alcool de vipère pour parcourir plus de 200 kilomètres dans la forêt du Morvan. Une épopée dans le froid du dehors pour trouver le chaud du dedans. Une virée qui fait briller les yeux et s’empare du ventre. Une quête sous une pluie tenace, le corps malmené par les éléments qu’un poêle, un café, une liqueur et du cœur sauront heureusement réconforter.

« Une histoire de pluie
Elle est chez elle. Elle est comme ces clébards têtus qui vous agacent, avant qu’on ne s’y attache. Lorsqu’ils lâchent vos basques pour trotter jusqu’à la ferme, ils vous manquent presque. La pluie fait fumer la route. L’air est chargé d’humidité et d’odeurs de tourbe. On entend le clapotis du Cousin qui se faufile entre les rochers, on aperçoit le scintillement de l’eau à travers les feuilles. Au bout de la longue montée d’Alligny-en-Morvan, au bout des montagnes russes, la lac des Settons.
Les résidences et les cabanes ont tiré les volets, font le dos rond sous la pluie. Nous roulons hors saison. Sur la route, des petits bancs de sable et de gravier. L’humidité et le froid imprègnent l’air, nos vêtements, jusqu’à nos bagages. Voilà ce qui se passe quand on va tirer la queue du chien. La descente vers Anost est glaciale et magnifique. La pluie glace. Elle récure et nettoie, aussi. Autant faire les choses bien. Nous claquons des dents et cela transmet aux guidons de petits frissons, comme une solidaire danse de Saint-Guy. Il est onze heures à Anost, l’heure du café et d’une halte près du radiateur. Tout est fermé, sauf la mairie. »

La suite de ce texte « Morvan debout [La chasse à la vipère] », écrit par Alain Servan-Puiseux & Swanee Ravonison, dans le numéro 31 de 200.