Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Pédale ! dans sa déclinaison été 2022.

Benjamin Carle, qui nous avait déjà gratifié d’une superbe tirade sur le thème des rond-points dans le numéro de 2019, revient dans le Pédale ! de l’année avec un article sur Roubaix et le lien qu’entretient le peuple du Nord avec la classique cycliste de renommée internationale. Une épreuve aux confins de l’enfer, sur des pavés qui, tantôt tranchent, tantôt jettent au sol. Une course assise à l’origine sur la classe laborieuse mais qui peine à passionner les « galériens d’aujourd’hui » que la situation économique invite à se concentrer sur la survie plutôt que sur la chose cycliste.

« LA PLUPART DES COMPÉTITIONS sportives centenaires encore existantes se sont construites autour des classes laborieuses. Sur leur intérêt, leur ferveur, parfois leur naïveté. Le premier vélodrome érigé à Roubaix avait pour fonction d’occuper et divertir les ouvriers le dimanche – en leur récupérant au passage, en paris et en boissons, une partie de l’argent qu’ils avaient empoché dans la semaine. C’est de là que naîtra Paris-Roubaix. C’est d’ailleurs un philosophe roubaisien, Bernard Jeu, engagé dans le développement du mouvement sportif de l’après-guerre, qui a le mieux théorisé le lien entre le sport et la culture populaire dans un essai de 1977, Le Sport, l’émotion, l’espace. Extrait : « Le sport se construit dans l’histoire où il trouve ses matériaux, ses techniques, son inspiration. Il se définit en fonction de la réceptivité d’un milieu social qui y découvre une image de soi. »
Le sport fabrique ensuite ses discussions, ses références, ses champions, dont on se rappelle avec plus d’émotion encore lorsqu’ils sont « du coin » et créent, pour le milieu social local, un effet miroir. Comme Johan Museeuw sur le Tour des Flandres ou Philippe Gilbert sur Liège-Bastogne-Liège, lui qui a grandi sur les pentes de la côte de la Redoute. »

La suite de ce texte « Sous les pavés, Roubaix », écrit par Benjamin Carle, dans le nouveau numéro de Pédale !