Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans sa déclinaison automne 2022.

À l’instar du peloton Gravillon, qui choisit soigneusement ses parcours en fonction des panoramas, des reliefs et des bonnes tables rencontrées en chemin, Jérémie Couston s’est lancé à vélo moderato en quête et délectation des derniers cafés-charcuteries du territoire. Des lieux désormais rares, témoins d’une certaine vie de village, dans lesquels se nouent des amitiés et se tranchent des jambons. Une épopée de la Nièvre à la Creuse. Un voyage entre lien social et appétit dévorant.

Chien fou
En jetant un œil navré à mes déplorables stats de la veille, 140 kilomètres et des brouettes avec le vent dans le nez en longeant à peu près l’Yonne et le canal du Nivernais, via Le Saussois, et les falaises où j’ai presque appris à grimper, Léo, le jeune chien fou qui a accepté de m’accompagner sur notre première randonnée au long cours, a aussi vite compris qu’il allait partager le sort d’un client de la boucherie de Bouhy la veille d’un jour férié. Et comme le vent du sud n’avait pas faibli, on s’est rajouté des handicaps : steak-frites le midi à Ourouer-les Bourdelins, en face de la brasserie Ouche Nanon (deux bières chacun), après seulement 75 kilomètres ; andouillette-frites arrosées de Croze-Hermitage à Montluçon pour le dîner et après la même ridicule distance.
Sur son vieux Motobécane dépourvu d’éclairage, Léo l’ingrat préférait avancer à son rythme de Zwifter, guidé par la lueur d’une lune obèse, plutôt que de rester scotché dans le faisceau pâlot de mon phare de dentiste. Nous atteignîmes notre refuge creusois, et pour l’un d’entre nous, nos listes, un peu avant minuit.

La suite de ce texte « Envoyez le pâté », écrit par Jérémie Couston, dans le numéro 34 de 200.