Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette nouvelle rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Cycle! dans sa déclinaison hiver 2018.

Alors que les rues s’embrasent et que le discours de contestation tarde à se rendre intelligible, Lino Gallo revient sur l’année 1968, charnière dans le combat des classes à travers le monde, et raconte un mouvement méconnu qui a choisi le vélo comme arme de construction massive.

« Pendant la deuxième moitié des années 1960, on a vu naître aussi à Amsterdam le mouvement des Provos, un groupe contestataire qui faisait de la provocation non violente sa ligne politique.
Les initiatives des Provos étaient en fait des performances artistiques liées surtout à la moquerie et à la dérision, avec un arrière-plan politico-social qui avait l’ambition de déstabiliser les institutions et de provoquer leurs réactions. Les actions auraient pu en quelque sorte être inspirées par les manifestations non violentes de Mahatma Gandhi ou de Martin Luther King.
Le projet des Bicyclettes Blanches, symbole du mouvement, fut l’une de ces provocations, celle qui a le plus marqué les esprits. Pratiquement, l’idée de base était de contester la voiture qui était considérée comme l’attribut négatif d’une bourgeoisie dominante négligeant son côté polluant et sa présence totalitaire dans les rues et le long des canaux d’Amsterdam. Le projet consistait à disséminer dans la ville des bicyclettes peintes en blanc dont tous pouvaient se servir librement, sans contrainte ni restriction, sans cadenas et ni frais d’utilisation. Une fois le trajet terminé avec la bicyclette, on la laissait à la disposition de celui qui en avait besoin. Une évidente analogie avec le bike sharing d’aujourd’hui non ? À la différence près que cette idée fut élaborée il y a cinquante ans, une idée d’avant-garde. »

La suite de ce texte « Bicyclettes Blanches et imagination au pouvoir », écrit par Lino Gallo, dans le numéro 12 de Cycle!