Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans sa déclinaison été 2024.

François Paoletti et son équipée n’aiment pas la facilité. À l’heure où nombreux sont les cyclistes qui choisissent le sud pour rouler et fuir les tourments météo, ils ont décidé de sillonner les terres ventées de l’ex-République Démocratique Allemande, par-delà ce sinistre mur qui a fendu l’Europe et le monde en deux blocs antagonistes, véritable cicatrice de notre histoire contemporaine.

Le grand chambardement
L’idée de ce voyage doit beaucoup au livre de Nicolas Offenstadt, Le pays disparu (Stock, 2018). Il y a une dizaine d’années, bien après la chute du Mur, l’historien français a commencé à collecter des objets, dossiers, et autres reliefs de l’ancienne RDA, sur les tables des vide-greniers, par terre dans les hangars ou dans des entreprises abandonnées, à travers des rencontres, et en parlant aux gens.
Pédaler au présent pour remonter le passé, notre voyage en soi n’a rien d’original. On roule ou marche toujours sur des couches de mémoires, des paysages, des pays voire des mondes engloutis. La différence avec la plupart des grands événements qui ont changé le cours du monde, c’est que la disparition de la RDA ne remonte pas à des siècles, mais à trente-cinq ans, quand, la nuit du 9 novembre 1989, le mur s’est ouvert pour les Berlinois de l’est, que Rostropovich s’est mis à jouer du violoncelle devant, et que certains ont commencé à y planter leur pioche.
L’Histoire a accéléré. Usé par quatre décennies de pénuries et par la manque de démocratie, le régime s’est effondré en moins d’un an comme un château de cartes. Au sein de notre trio, Camille n’était pas née, Matthieu avait quatorze ans, et moi vingt et un. C’est devant la télévision et dans les journaux, pas dans les livres d’Histoire, que j’ai vécu ce grand chambardement.

La suite de ce texte « Le pays disparu« , écrit par François Paoletti, dans le nouveau numéro de 200.