Tandis que les Parisiens filent en étoile au départ du Kilomètre 0, cumulant sur Strava et bitume des kilomètres pour s’acquitter du Classics Challenge, Gravillon s’est saisi du prétexte automnale pour se lancer dans un Atlantics Challenge, le temps d’un Fondo le long d’une côte agitée par les marées d’équinoxe.

L’Atlantique n’est pas un océan de façade. Il fait valoir son caractère à la moindre occasion, le mois de septembre lui offrant une opportunité calendaire de déchaîner ses flots sur des plages libérées de leurs estivants et de leur faire subir les affres des grands coefficients. Il s’insinue dans les terres, fait gonfler les veines marécageuses, apportant son lot saumâtre à la vie des champs et des espèces.

Ce front de mer est un terrain propice à l’échappée cycliste, même si les reliefs hésitent à s’élever et les vents s’évertuent à tourner. Passés les primes tours de pédales dans les marais, dévoilant tour à tour les remparts de Brouage et les mouvements des ragondins parmi les prés salés, la traversée de la Seudre ouvre une fenêtre sur l’océan. Notre peloton de héros cendrées peut enfin prendre son envol. Sur cette ligne de démarcation qu’inaugure Ronce-les-Bains, le paysage change singulièrement et les alignements de pins nous offrent l’ombre de leur parasol. Le terrain s’accidente enfin tandis que la lisière des arbres laisse entrevoir les dunes de sable et l’écume des vagues.

Les lacets et les promontoires s’enchaînent sur cette route magnifique placée sous le rouge patronage du phare de la Coubre. À la vue des marquages qui sacrent les meilleurs grimpeurs, les esprits s’échauffent et la sagesse élevée — théoriquement — en principe lors des sorties au long cours disparaît de la gamme des intentions. L’œil est vif et la pédale soudainement alerte. Les écarts naissent et le groupe s’étire immanquablement. Malgré quelques pauses récréatives et supposées salvatrices, il ne retrouvera pas son entière intégrité. Contre vents et marées, 176 kilomètres sont une distance atlantique.