Sur l’aimable invitation de Yamaha Motor France, qui lance une gamme de vélos assistés — dont un polyvalent Wabash — en 2023, une étape inattendue est venue, quelques jours après les cols pyrénéens franchis à la force du mollet, s’ajouter aux célébrations des 10 ans de gravillon.net : le Giro-E. Cet événement organisé en marge du fameux Giro d’Italia reprend tous les codes de la course internationale et emprunte un tracé identique durant trois semaines, ouvrant la route au peloton des professionnels.
Une atmosphère électrique dans tous les sens du terme. Dans un ciel déchiré par les orages qui affectent l’Italie en cet inhabituel mois de mai. Dans la foule des passionnés qui se pressent sur les villages de départ et d’arrivée, et sur le parcours, applaudissant les participants du Giro-E en attendant le passage de l’élite mondiale.
Dans le peloton des engagés de cette épreuve inside qui mêlent les novices, une flopée d’avertis goûtant à la sensation du moteur, et quelques anciennes vedettes invitées pour perpétuer la tradition du maglia rosa.
L’intérêt de la neuvième étape de cette édition 2023 des Giro(s) ne réside pas son dénivelé (50 m de D+), sa longueur (32 kilomètres) ou son enjeu sportif. Il tient en un nom : Pantani. Cette étape venant ponctuer la première semaine de course, avant une journée de repos méritée, frôle la côte adriatique et entre dans un territoire de passion déchaînée.
Ici, depuis le drame qui s’est produit en 2004, le culte d’il Pirata se cultive au quotidien et s’amplifie lorsqu’une compétition vient à passer par le village où Marco vivait avec Tonina, sa mamma. Même si « Marco Pantani a débranché la prise », comme l’écrivait Jacques Josse en 2015, une intensité rare se fait ressentir lorsqu’on croise les tifosi inconditionnels du célèbre grimpeur italien. Une surcharge d’émotions. Une surtension cycliste.
L’espace d’un instant, le pédalage semble suspendu. La sensation doit s’apparenter à celle éprouvée par les coureurs qui empruntent le « virage des hollandais » dans l’Alpe d’Huez pendant le Tour de France. Parmi les cris et les hymnes, les effluves d’alcool et la fumée des grillades.
On se prend à croire en sa force, en son destin, en une popularité de professionnel. Et on caresse les pédales comme jamais, filant vers l’arrivée à une allure que l’électricité embarquée permet de tenir vive. Avant de franchir la ligne, parmi les éclats de voix du speaker et les battements d’un cœur drapé du rose de la victoire.
Gravillon à 10 ans. Et de plus en plus de dents. #gravillon10th