Daniel Nouraud, à l’instar de Robert Capa ou d’Henri Cartier-Bresson, le « maître », a laissé le vélo prendre une place d’importance dans sa carrière de photographe. Cette intrusion dans son œuvre a débuté sur le Tour de France en 1977. En cette année charnière du sport cycliste, qui voit Eddy Merckx participer à la Grande Boucle pour la dernière fois et Bernard Thévenet l’emporter pour la deuxième, Daniel s’insinue dans la caravane des suiveurs au guidon de sa moto personnelle, muni d’une carte de presse factice et d’une perche artisanale qui lui permet de réaliser des clichés acrobatiquement en roulant.

Daniel Nouraud

Trois raisons président à cette inclinaison pour le cyclisme, jaillissant allègrement dans son travail photographique. La première est le souvenir d’un grand-père l’amenant pour la première fois admirer les coureurs du Tour de France sur le bord des routes de sa Charente natale. La deuxième est l’envie, suscitée par Henri Cartier-Bresson que Daniel côtoie au sein de l’agence de presse Viva, de vivre l’émotion du peloton de l’intérieur. La troisième, enfin, naît d’une ardente passion pour Jour de fête, le film de Jacques Tati qui met en scène François, un fantasque facteur à vélo en prise avec les aléas de la vie de campagne.

Au détour des années 80, l’imprégnation cycliste de l’œuvre de Daniel Nouraud s’accentue. Le Matin de Paris, quotidien créé en 1977, consacre six pages à ses photos. Durant l’été 1981, le magazine Zoom, dédié à la photographie, ouvre également ses colonnes, accompagnant même ses clichés noir et blanc — suprême consécration ! — d’un poème d’Antoine Blondin, tandis que le Miroir du Cyclisme publie en double page un portrait de Joaquim Agostinho, le champion portugais. Cette série de succès se poursuit en 1982 lorsque Daniel décroche le Prix de la Fondation Nationale de la Photographie pour son travail sur le Tour de France et que l’ exposition « Autour du Tour » organisée en 1984 voit ses travaux côtoyer ceux de Robert Capa sur les murs à la FNAC de Paris.