CAILLAS(SE) BRAVAS : DEUX JOURS DE GRAVEL DANS LES BARDENAS
Henri Aubisque 27 mai 2025Les champs occupent tout l’espace à l’entame du parcours. Champs de blé qui, en cette fin de printemps, nous étonnent par le vert de leurs épis. Champs d’éoliennes, sur les crêtes, dont les pales tournoient au rythme d’un vent de nord qui refroidit les ardeurs du soleil. Champs de panneaux photovoltaïques qui captent la lumière mais, par leur nombre, obstruent un horizon que nous imaginions dégagé de toute intrusion technologique. Nous entrons dans le désert des Bardenas Reales, dans cette Navarre qui affleure les Pyrénées du côté espagnol.

Notre méconnaissance de la région nous a prudemment incités à prendre conseil et (la) roue d’un alerte fixeur qui prend selon les semaines la casquette d’éclaireur ou la responsabilité d’organisateur d’épreuves parmi les provinces du Pays basque, terre de fierté politique et cycliste.

À l’instar des plus bibliques, qui ont le pouvoir extraordinaire d’ouvrir les flots pour sauver leur peuple du danger, notre guide va nous diriger sur les chemins poussiéreux de ce vaste terrain de jeu pendant deux jours. Un soutien précieux tant il peut y avoir, en ce pays, des choses à contempler, des pièges à contourner et des touristes à esquiver.

Les pluies abondantes des dernières semaines ont remodelé le paysage. S’apprêtant à composer avec l’aride compagnie de l’été, le désert que nous sillonnons en cette fin du mois de mai laisse encore quelques onces de verdure colorer le panorama. Des ruisseaux coulent dans les larges veines qui zèbrent ce désert. Quelques passages détrempés maculent de boue les cadres et les chaussures, et des hordes de moustiques, ravis de trouver pitance, font jurer et détaler les plus juteux d’entre nous.

Cette humidité mouille la plante, tant au sens végétal qu’au contact des pieds. Elle fait reverdir toute chose. Laisse les fleurs vivre un heureux printemps. Plonge le cycliste dans un état d’euphorie qu’il a égaré au fil du temps, le souvenir des sauts dans les flaques et des courses dans les herbes hautes ayant subi le travail de sape des années.

Les abris manquent dans ces contrées. L’ombre est denrée rare. Les toits des quelques baraques et fermes abandonnées au bord de la route sont un réconfort appréciable pour les cuirs harcelés par le vif soleil du milieu de la journée. L’eau est objet de toutes les attentions, semblant s’évaporer comme jamais des bidons des plus soiffards.

Pour l’essentiel, le plat règne sur les chemins empruntés par le groupe. Pour l’essentiel seulement. Car, votée à l’unanimité, une ascension est venue s’ajouter au programme. Un immense promontoire, dressé au milieu du désert, transforme notre roulage lancinant en une âpre randonnée, nos mules lourdement chargées rechignant parfois à gravir la pente et à composer avec les ornières qui ont décidé de barrer leur chemin. Un effort minime pour faire passer l’expérience de l’enthousiasmant au (carrément) jubilatoire !

Et soudain, au retour des hauteurs, au bout du chemin, la statue du « Pastor » apparaît. Il vient nous rappeler que cette terre reste un refuge pour les troupeaux de brebis lorsque les frimas de l’hiver les obligent à redescendre des contreforts des Pyrénées. L’immense berger se fond dans le paysage brun des Bardenas, partageant avec les cyclistes qui le contemplent une tenace épaisseur de poussière.

À certains instants, des ombres furtives apparaissent dans la rocaille venant troubler la quiétude visuelle qui nous étreint quand le chemin se fait immensément rectiligne. D’impressionnants rapaces tournoient dans le ciel et viennent assouvir leur curiosité en survolant notre troupe(au). Il ne manquait plus que ces majestueux volatiles pour conférer à ces lieux l’ambiance Far West qui nous avait été promise.

Nous pourrions sauter d’une selle à l’autre si la plupart n’entretenait pas un rapport confidentiel avec l’équitation. Les chevaux, comme les moutons et les cyclistes, se comptent en nombre. Ils semblent d’accommoder de la chaleur et faire fi des interpellations des curieux s’amassant devant leur enclos. Le hennissement des touristes souffre du barrage de la langue.

Au détour de la conférence de presse qui aurait pu ponctuer ce périple, l’expression « Ce groupe vit bien » aurait pu venir rapidement aux lèvres du capitaine de route. Car, effectivement, le gravel, fort de sa dimension contemplative et rassembleuse, est aujourd’hui le ciment qui lie les Gravillon(s) hissant le grand mur de l’amitié.

Merci à Topo Designs Europe (French Albion) pour le chic de la bagagerie.
Merci 2-11 Cycles pour le chine du cadre.
Merci à Ravito pour la création du maillot officiel « GRVL » 2025.
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