
MORCEAU CHOISI #63 : MAGAZINE 200 – ÉTÉ 2025 – « CAROLE, EN CASCADE »
Guillaume Boncoeur 11 juillet 2025Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».
Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans sa déclinaison été 2025.
Tout a basculé en quelques instants. Le vélo que Carole chevauche en ce mois de juin 2024, quand sa roue avant vient se bloquer entre deux plaques qui recouvrent une canalisation. Le destin de Carole qui la conduit, à l’issue d’une lourde chute, dans un très long cheminement, être réanimation, soins, rééducation et réapprentissage. Elle raconte la douleur. Elle partage sa résurrection, à vélo, quelques — longues — semaines plus tard.
Une heure à ranimer
Le choc de ma tête contre la chaussée étant indéniable, on me garde en observation. La nuit est longue, ponctuée de sensations inédites. Une torche se consume entre mes omoplates. Des fléchettes fusent sous mon crâne, des douleurs rectilignes, arrière-avant, nord-sud… Un gnome planqué en coulisses me pince les globes oculaires. Et puis, ça tangue, comme un matelas gonflable dans la piscine, moins le soleil et le mojito. Je prie pour que cela fasse partie de la réinitialisation du système, d’une mise à jour homologuée. Faites que je recouvre un processus fonctionnel.
Je ne tiens pas à devenir une de ces profs — j’en ai connu — auxquels il faut souffler les noms des auteurs et des personnages, les titres des œuvres. Déjà que l’événement m’échappe entièrement… Ne reste rien de l’heure qui précède la chute, ni des trois heures qui lui ont succédé.
Gommés la traversée de Cucuron, la roue aspirée par la chaussée, les secourables témoins, les gendarmes, les pompiers, le trajet en ambulance. Drôle d’impression à la vue des photos que je recevrai d’eux : cette femme étendue les bras en croix, auprès de laquelle est agenouillée une autre, c’est bien moi. Je reconnais le maillot, les Sidi blanches, et pourtant je pourrais, face à un tribunal, jurer la main sur la Bible que je n’y étais pas. Interrogée par la suite, mon fidèle camarade de route finira par avouer que lui aussi a été gommé, que j’ai cessé de le reconnaître et l’ai traité avec la même gratitude polie que les deux habitants du village venue à l’aide.
La suite de ce texte « Carole, en cascade », écrit par Carole Allamand, dans le nouveau numéro de 200.
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