Que peut-on dire de quelque chose quand les autres ont tout dit, jusqu’à en user les formules ? Paris-Roubaix ou « l’enfer du Nord », « la reine des Classiques », « la grande pascale », « une connerie » avait même dit Hinault. Comme quoi, dans certains cas, la connerie aussi peut être magnifique. Et puis Blondin, forcément, qui sut trouver celle-ci : « Ici le haut du pavé se retrouve toujours sur les pavés du haut ».

Dimanche j’ai fait Paris-Roubaix dans sa version gigantesque, voilà, comme d’autres ont fait l’Everest ou passé le Cap Horn. Au marin qui en revient, on dit qu’il peut maintenant pisser au vent. Au cycliste arrivé sur le vélodrome de Roubaix, il semblerait qu’on dise qu’il a pris place dans la légende.

J’ai raconté ma course aux lecteurs du JDD, et puis j’ai pensé qu’un petit détour par les douches plairait sans doute à Gravillon. Rien de tendancieux : elles sont si mythiques que l’Office du Tourisme en propose la visite. Et si j’en parle, c’est que j’ai reçu l’honneur suprême de pouvoir m’y laver.

D’abord, j’ai parcouru les longues séries de box en pierre. Chacun porte une plaque avec le nom d’un des vainqueurs. J’ai cherché longtemps celui d’Eddy. Je l’ai trouvé dans la seconde salle, au fond, le deuxième en partant des douches. Il n’y aura bien que là qu’il n’aura pas été premier.

J’ai lu : « MERCKX E. Vainqueur 1968-70-73 ».

Puis j’ai osé m’y installer.

© Alex VoisineMalteni

Eddy 73 : une saison de classiques sur les traces d’Eddy Merckx