Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Pédale ! dans sa déclinaison été 2021.

Marc Hervez et Thomas Pitrel n’ont pas été trop de deux pour suivre la roue abracadabrantesque de Ghislain Lambert, le héros du film cycliste éponyme. Vingt ans après la sortie de ce long métrage (désormais) de légende, ils ont rencontré Philippe Harel, le réalisateur, et plusieurs de ses compagnons d’échappée créative, pour découvrir la préparation et les coulisses de cette fable « à mi-chemin entre Ben-Hur et La Septième Compagnie ».

« Le véto de Monsieur Eddy
Pour mettre sur pied son personnage phare, Harel s’appuie sur les connaissances encyclopédiques d’Olivier Dazat, mais décide aussi de se baser sur la vie et l’œuvre de Pierre Tosi, qu’il rencontre. « C’était un petit coureur qui, comme Lambert au début du film, travaillait la semaine pour un sponsor comme VRP, et en portait le maillot sur les courses le week-end. » Pour le reste, le réalisateur s’attache à restituer le plus fidèlement possible la grande histoire du vélo. L’épisode de la poire remplie d’urine « propre » destinée à fausser un contrôle antidopage est tirée de la carrière de Michel Pollentier; le moment où José Garcia (qui interprète dans le film le frère et manager cupide de Ghislain Lambert) demande à ce que l’on tape comme un sourd sur son crâne pour tester la résistance de son casque en cuir (avant de finir assommé) est inspiré de la vie de Jean Robic; l’ordonnance du « Docteur Mabuse » qui conseille au héros d’avaler un radis noir et un verre de whisky pendant une semaine est une réelle prescription dont a un jour bénéficié Bernard Thévenet pour purger son organisme. « Même l’histoire du mec qui se marie le jour de Noël pour ne pas faire d’écart par rapport à son régime pendant la saison est vraie », s’amuse Philippe Harel. Quand au quart d’heure warholien de Ghislain Lambert, sa seule et unique victoire sur le Bordeaux-Paris 1971 (« une édition non disputée, pour ne pas ‘voler’ le palmarès de quelqu’un ») renvoie au succès du Belge Georges Van Coningsloo, lauréat de l’édition 1967 de cette classique de 610 kilomètres aujourd’hui disparue. Comme l’avatar de Poelvoorde, il s’était imposé au terme de 370 bornes d’échappée en solitaire, après s’être fair discrètement la malle lors de l’officieuse pause nocturne, durant laquelle le peloton avait coutume de se ravitailler et de s’autoriser une sieste. »

La suite de ce texte « Les aventure de Ghislain Lambert », écrit par Marc Hervez et Thomas Pitrel, dans le nouveau numéro de Pédale !