Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans sa déclinaison printemps 2024.

François Paoletti et Matthieu Lifschitz se sont faits la belle. Belle-Île-en-Mer. Un confetti posé dans le golfe de Gascogne. Une terre aux bords immergés qui révèle rapidement son appétence pour le gravel. De la roche baignée d’algues. De l’herbe au goût de sel. Du sable qui emplit les criques. Des horizons qui se dévoilent au bout du chemin. Du plaisir à partager le 1er juin 2024 à l’occasion de la première édition de l’événement Belle-Île-en-Gravel.

Une épure de gravel
Nous avons poussé jusqu’à la pointe des Poulains et au phare du même nom, celui que l’on voit depuis Groix la nuit. Une presqu’île au bout le plus au nord de l’île. La comédienne Sarah Bernhardt venait ici en vacances il y a un siècle et demi, dans l’ancien fortin — ambiance — transformé aujourd’hui en musée.
Nous avons longé la côte, traversé la plage de Ster-Vraz, et sommes passés à l’aplomb de la grotte de l’Apothicaire. Sans rouler sur le sentier côtier. Comme indiqué sur les panneaux, les vélos y sont interdits, les bâtons de marche aussi, pour préserver la flore et les falaises de l’érosion.
Belle-Île glisse sous les pneus un carrousel de surfaces : l’asphalte fait place à la terre, le rocher à l’herbe, l’herbe au sable, avant de retrouver l’asphalte. Une épure de gravel, jamais longtemps plate, et sans jamais d’ennuyeuses lignes droites.
En hiver, dans les singles gorgés, le parcours distribue les cours de pilotage à l’œil, quand l’arrière chasse pour tester le cavalier, et l’avant se dérobe pour s’en débarrasser. En temps normal, au printemps ou l’été, il ne présente pas de vraie difficulté technique en gravel ou en VTT, pour peu que l’on roule à son rythme et qu’on mette sa fierté dans la poche s’il faut finir certaines côtes à pied. Savoir que la mer est toujours devant, sur les côtés, et derrière en même temps, a quelque chose de très rassurant. Et qu’aucun point de l’île n’est à plus d’un douzaine de kilomètres, en cas de pépin, coup de mou, ou envie de manger une crêpe et de raccourcir la journée.

La suite de ce texte « Les possibilités d’une île« , écrit par François Paoletti, dans le nouveau numéro de 200.