Benjamin Coissard - Les étoiles brilleront dimanche © DR
Elvis est mort. De certains prétendront pourtant qu’il est toujours parmi nous. Qu’il hante chaque instant de notre vie. Force est de constater qu’il peut réapparaître au moment où nous l’attendons le moins. Au détour d’un livre dont la couverture nous laisserait penser à un simple récit cycliste.
Elvis est un démon. Il est le diable incarné. Celui qui a plongé l’Amérique middle class des années 50 dans le chaos rock’n’roll. Le « pelvis » qui a déluré toute une jeunesse. La voix qui a monopolisé les ondes radio. Le roi dont les plus fervents continuent de louer le génie. Loïc compte parmi ceux-là. Pourtant, il ne s’exhibe pas en cuir, ou dans une quelconque combinaison grandiloquente chargée de pierres brillantes. Il est gainé de lycra. Il est coureur cycliste. Une tradition de famille. Chez les Benoit, chaque dimanche est un Comeback Special.
Les étoiles brilleront dimanche est un essai de Benjamin Coissard. Le premier livre publié par les jeunes Éditions de l’Éclisse. Au gré de quelque 170 pages, dévalées comme une descente, nous découvrons le quotidien d’un jeune homme qui tente de s’extirper des desseins familiaux et de la tyrannie du milieu. D’un adulte en devenir qui croit pouvoir échapper à ses deux démons : Elvis et le vélo.
« Loïc aime beaucoup Elvis. Personne n’a jamais su d’où pouvait venir cet intérêt; sa famille n’était pas vraiment mélomane. Les seules musiques qu’il se rappelle avoir entendues à la maison étaient les chansons de Michel Sardou que sa mère écoutait lorsqu’elle faisait le ménage. La voix du crooner enflait dans toutes les pièces alors que l’aspirateur vrombissait à plein tube.
Aucun élément déclencheur, pas l’ombre d’une influence qui puisse expliquer cette passion. Loïc aime Elvis voilà tout. Il aime sa musique, il aime son époque, il aime l’homme aussi, lui qui a toujours paru aussi gentil, passionné et influencé que lui. Et surtout, Elvis est la seule chose qui lui appartient. Personne ne lui a jamais demandé d’aimer Elvis… Non, il n’aime pas Elvis pour qui que ce soit, seulement pour lui-même et de sa propre volonté. Elvis était là dans les bons comme dans les mauvais moments, à l’entraînement dans les écouteurs pour le motiver à aller toujours plus loin dans l’effort, après les courses pour évacuer le stress accumulé, et puis avant les courses aussi, comme aujourd’hui.
[…] Entretenir deux passions est peu commun dans le milieu du vélo. La raison en est simple : le cyclisme n’aime pas trop partager. Tout comme un homme épris d’une femme sublime, le vélo ne voit pas d’un bon œil la concurrence. »
Un récit qui s’achève comme une étape du Tour, avec son lot de commentaires. Un glossaire nous plonge dans la réthorique cycliste et nous éclaire sur les choix lexicaux de l’auteur. La Boucle est bouclée.
> Les étoiles brilleront dimanche, Benjamin Coissard, Éditions de l’Éclisse, 2018
> Benjamin Coissard est professeur de mathématiques. Il a 34 ans. Cycliste de niveau régional, il a côtoyé durant de nombreuses années le milieu du sport amateur qu’il dépeint dans ce livre. Les étoiles brilleront dimanche est son premier roman.