Depuis le succès du Vélib’ parisien, bon nombre de communes de l’Hexagone proposent des vélos en libre-service. Pour offrir ce service – presque – gracieusement à leurs administrés, les élus ont trouvé une astuce discutable. Ils ont accepté que certaines grandes entreprises spécialisées dans l’affichage et le mobilier urbain, pour obtenir de juteux contrats d »implantation de panneaux publicitaires, mettent à disposition et entretiennent des parcs de vélo (le Vélo’V est par exemple la contrepartie apportée par JCDecaux à la Ville de Lyon). Une nouvelle pollution visuelle vient ainsi peu à peu se substituer à la pollution de l’air. De belles campagnes de communication nous assènent le principe et les vertus de la réappropriation de l’espace public. Et la situation – l’envers de cet idyllique décor – révèle une autre vérité : le paysage urbain, confié initialement à la responsabilité des politiques, a rejoint les rangs des biens monnayables. Ce faux service public nous oblige désormais à rouler pour la publicité et place les sociétés JC Decaux et Clear Channel dans une situation de quasi-monopole sur les marchés de l’affichage urbain et du transport public individuel. Il reste à espérer que des villes comme La Rochelle, Strasbourg et Orléans, qui ont fait le choix de déconnecter leur offre de cette emprise, sauront résister éternellement aux charmes de cette manne financière.

En une dizaine d’années, nous nous sommes habitués à voir ses armées de vélos uniformes et esthétiquement discutables déferler dans nos rues. Lourds et patauds, il sont ce qu’étaient les Trabant dans les pays de l’Est : une fausse bonne idée, sans charme ni saveur !

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