Quelques impressions du dossard 3182 au sortir du Paris-Roubaix Challenge 2015. 139 kilomètres, dont une trentaine pavée (à laquelle s’ajoute 6 kilomètres « fantômes » parcourus par mon vélo qui n’a pas su trouver la meilleure trajectoire !).

Mettre ses pneus dans la légende ! Voilà qui fait rêver… Et bien au-delà de nos frontières puisque nous étions 4500 participants cette année, dont seulement 11% de Français. Beaucoup d’Anglais (effet Wiggins !) et de Néerlandais. Départ sous une pluie glaçante. Bienvenue dans l’enfer du Ch’nord !

Au cinquantième kilomètre et des poussières (beaucoup de poussière), la fameuse trouée d’Arenberg ! On comprend vite l’intérêt de rouler sur le haut du pavé ou sur le bas côté. On imagine que les 17 secteurs suivants seront aussi monstrueux. Ça calme les ardeurs. Vers la fin de la trouée, un Anglais a la mauvaise idée de tomber sous mes roues. Mon vélo se cabre vers l’arrière, mon pied droit glisse sur le sol trempé, tout glisse, mais j’évite la chute. L’Anglais va bien. Je tomberai, bien sûr, mais plus loin, dans le secteur de Mérignies, histoire d’être boueux et râpé… Peu de dégâts, mais une leçon : toujours vérifier ses patins de frein après une chute.

Après cela, on enchaîne les secteurs, on traverse les endroits mythiques, le pont Gibus… On attend sagement derrière la barrière que le TGV passe. On crève ici ou là. On s’arrête pour prêter sa pompe, on oublie sa moyenne… On est heureux ! Quand le vent de face souffle fort, on admet ne pas être Cancellara ou De Vlaeminck. On lève le pied et on attend un groupe de « costauds » pour se caler à l’abri.

Les kilomètres défilent, les secteurs de légende s’enchaînent, on tournicote en suivant les flèches jaunes, le Carrefour de l’Arbre. Certes c’est difficile, mais, en ne se mettant pas (trop) dans le rouge, en laissant filer les locomotives, quel plaisir ! Plaisir de savourer chaque endroit, les encouragements de trois enfants dans leur jardin en bord de route, l’accent du Flamand qui s’exclame, le doigt pointé sur l’horizon : « Là-bas, c’est le Carrefour de l’Arbre ! ». Et puis enfin le vélodrome ! Grand moment, avec en prime pour moi, une interview de TF1 qui se demande ce qui peut bien motiver un AA (Amateur Anonyme) qui se lance dans ce genre de truc. Bonne question ! On doit bien en retirer quelque chose. Quelque chose qui reste mystérieux pour les non-pratiquants. Quelque chose qui ressemblerait à l’enfance…

Mais quoi ?