Tour de Rance Vintage 2018 © DR
En terres de Bretagne, les cyclistes sont rois. Et lorsqu’on se rend en pèlerinage aux confins du pays, dans ces Côtes d’Armor qui basculent dans l’océan, au bord de cette Rance qui célèbre le vélo, on entend la foule scander le nom de ses héros : Bernard, Joop ou « Jaja » ! Le maillot, si peu qu’il soit jaune, tricolore ou arc-en-ciel, règne ici en maître. Le manant, dans son armure de laine ou de lycra, historique ou réplica, se prosterne aux pieds du Blaireau. Il s’empresse d’immortaliser l’instant, rivalisant de souplesse pour entrer dans le cadre de ses selfies aux côtés du champion. Il échange des poignées de mains. Il congratule à foison. Il fait briller l’œil d’une admiration que les années ne parviennent pas à estomper.
Dans ce pays de légende, le portrait du seigneur des lieux est affiché jusque dans les hameaux les plus reculés. Les histoires les plus folles circulent à propos de ses exploits cyclistes. Il aurait terrassé nombre d’ennemis, remportant plusieurs éditions du tournoi de la Grande Boucle, qui réunit chaque année les meilleurs combattants de notre contrée et de pays au-delà. Des témoins rapportent qu’il aurait même remporté cette joute internationale dès sa première participation. En 1978. Il y a 40 ans. Faisant rendre gorge à un vaillant batave et un tenace portugais.
Mais une réputation ne pourrait enfler sans que de fidèles lieutenants, des équipiers dévoués, ne se placent au service inconditionnel de leur meneur. Et le peloton en regorgeait en ce week-end du 19 et 20 mai de l’an 2018. Des besogneux, affables et passionnés, auprès desquels Gravillon a roulé sur cette nouvelle édition du Tour de Rance.
La passion se niche partout. Elle se glisse dans les trous des souliers de cuir, cliquetant au contact de la cale sur le bitume. Elle rentre dans le crâne, à peine protégé par quelques centimètres de boudins de cuir. Elle s’immisce dans le jersey de laine. Et elle alimente les conversations. Quand Raymond Martin, dont la trace perdure sur les tablettes du Tour 1980, vous aborde pour vanter les mérites des Tricots du Rocher, farouches adversaires des productions Noret, que vous arborez fièrement et dont il a été le représentant zélé.
La passion toujours quand Serge Bodin, dont on célèbre le 30e anniversaire d’un titre de Champion de France Amateur resté dans les annales, n’hésite pas à troquer sa tenue de rouleur émérite contre un attirail d’Hirondelle de la police, vociférant et usant du sifflet pour encourager le peloton des participants attardés. La passion enfin quand Arsène David, l’initiateur du Critérium des Champions organisé chaque année sur le circuit ile-et-vilainois de Pipriac, continue de vouer un culte à toutes les gloires qu’il côtoie modestement depuis 40 ans.
De passion donc. Et de grandeur d’âme. Quand on se souvient qu’au-delà des fastes et des envolées cyclistes se dévoile timidement une cause noble. Un prétexte qui fédère en toute humilité. Une association qui se démène pour rassembler ce peloton enthousiaste et l’inviter à contribuer à un élan commun, à des Souffles d’Espoir, en faveur de la recherche contre le cancer. Une pierre à l’édifice, à l’instar de celle brandie chaque année par les Fireflies sur la route des Alpes ou celle hissée au sommet des crêtes des Pyrénées par Gravillon en 2017.
Retrouvez ici les photos de cette édition 2018 du Tour de Rance Vintage.