Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Sport-Télé dans sa déclinaison de mars 1980.

Le magazine Sport-Télé, nouveau-né de la presse qui dresse chaque mois un panorama des programmes sportifs à la télévision et des actualités du sport, sort en mars 1980 son deuxième numéro. Bernard Hinault partage la couverture avec Michel Platini dont l’équipe de Saint-Étienne, les « Verts », s’apprête à jouer un quart de finale de Coupe d’Europe.

Cet article d’archive, intitulé « Hinault et sa bande » et signé par Dominique Champot, précède une page signée par Robert Chapatte présentant la saison cycliste 1980 à venir. Il décrit la préparation d’une équipe Renault-Gitane et d’un leader qui vont s’illustrer à l’entame de cette nouvelle décennie. Cette année-là, Bernard Hinault va remporter la classique Liège-Bastogne-Liège, courue dans des conditions épouvantables, et le Tour de Romandie, mais surtout le Tour d’Italie et le Championnat du Monde sur route devant le public français à Sallanches.

« Ce monstre haletant, presque immobile au loin, qui ondule lentement sur le fond émeraude de la Côte Bretonne, c’est la « Bande à Hinault ». Une masse compacte et sombre qui, peu à peu, prend forme, s’anime et passe, glissant dans le halo de l’effort, comme emportée par le chuintement d’une formidable aspiration. Impressionnant.
Derrière la meute, la voiture de Cyrille Guimard et de Maurice Champion, son adjoint, suit paisiblement. Le compteur indique un aimable 40. Une promenade. Un rythme bien suffisant pour une reprise de contact avec la machine. Étant entendu une fois pour toutes que, dixit Guimard, « les heures de selle comptent beaucoup plus que les kilomètres ». Car en cette mi-janvier, la bande à Hinault vient d’entrer en loge. 17 professionnels, deux soigneurs, deux mécaniciens et trois responsables techniques ont pris leurs quartiers un peu à l’écart de St-Malo, au domaine de la Briantais. Un cadre exceptionnel où chaque arbre flirte avec la baie. La vie de château ou presque. Une ambiance popote, très « famille » et, sous les lambris Régence, un amusant ballet de cuissards et survêtements. Tous arborent l’air ravi de collégiens en goguette. Contents d’être là, de nouveau ensemble. Conscients de la nécessité sportive du rassemblement et soumis, sans arrière-pensée à ses exigences. Cyclo-cross la matin. 3 heures de route l’après-midi. Tests médicaux entre-temps. Pas de temps mort. Pendant deux semaines, c’est là qu’ils préparent leur moisson de victoires.
Soixante quinze fois, lors de la récente saison, l’un d’entre eux est monté sur la plus haute marche du podium à l’arrivée d’une classique, d’une étape ou tout simplement d’un critérium. Un record pou rune équipe composée de coureurs dont personne ne voulait. »