Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine Cycle! dans sa déclinaison hiver 2023.

Michel Dalloni revient 40 ans en arrière. Sur les routes d’un Tour de France 1982 tourmenté. Au chevet d’un Antoine Blondin qui vit ses derniers instants de suiveur sur la Grande Boucle, après avoir filé le train au peloton pendant 27 éditions. Ceux qui l’ont côtoyé à l’époque racontent ce mois de juillet qui a vu « le singe », tant funambule que noctambule, mettre pied à terre, incapable d’enchaîner les phrases et formules qui, quelques semaines auparavant, fusaient encore sur le papier.

On le voit d’ici : blotti sur la banquette arrière du véhicule, à gauche, presque recroquevillé derrière le chauffeur, tassé par l’âge et par la timidité. Une barbe grise et pas mal d’autres soucis assombrissent son visage. Deux amis l’accompagnent. L’un a pris place à ses côtés. L’autre est monté devant. Ils ne sont guère plus jeunes mais disons qu’ils font moins fragiles. L’homme qui tient le volant s’appelle Jean Farges. La voiture est une Peugeot. Une 604 à freins à disque ventilés à l’avant ou une 505 signée Pininfarina ? On ne sait pas. Parce que ça, d’ici, on ne le voit pas très bien. Elle s’apprête à parcourir 3507 kilomètres par monts, par vaux, et parfois contre-la-montre. Du 2 au 25 juillet, elle devait suivre les 169 coureurs au 69e Tour de France. Pour le passager pelotonné, ce sera le dernier. Mais il l’ignore encore. En ce moment précis, Antoine Blondin pense à autre chose.

La suite de ce texte « Antoine Blondin – 1982, le crépuscule du singe », écrit par Michel Dalloni, dans le numéro 22 de Cycle !.