La revanche de la bicyclette © So Good
Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».
Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine So Good (édité par So Press & Ulule) dans sa déclinaison été 2022.
L’éditeur So Press, qui nous a habitué à égayer nos étés cyclistes avec le magazine annuel Pédale!, nous raconte désormais des histoires de société en partenariat avec Ulule, chantre du financement participatif, à travers le bien-nommé So Good. Dans cette édition de l’été 2022, le magazine consacre sa couverture à la « Vélorution », saluant le retour en force du vélo. L’économiste et urbaniste Frédéric Héran confirme cette tendance dans une interview illustré d’une ribambelle de chiffres évocateurs.
C’est donc la voiture qui a assassiné le vélo ? En France, cela n’a pas été directement le cas. Dans les années 1950-1960, les cyclistes ont d’abord été conquis par les constructeurs de deux-roues motorisés, et notamment de cyclomoteurs : le Solex, la mobylette et le Peugeot BB, qui représentaient 80% des ventes. Ils ont inondé le marché, et la France est même devenue le premier constructeur mondial de deux-roues motorisés entre 1954 et 1960. Avec comme objectif clair de motoriser les cyclistes. Par exemple, le slogan du Solex, c’était : « La bicyclette qui roule toute seule. » Et celui de la mobylette : « Un vélo avec un bon petit vent arrière permanent. » Et puis toute la vague yé-yé s’en est emparée. Johnny roulait évidemment en mobylette à l’époque. Pour draguer, il fallait être en deux-roues motorisés. Tout cela au prix d’accidents terribles : en 1960, le nombre de tués sur ces engins (2500 morts) a même été plus élevé qu’en voiture. Tous ces drames ont surtout concerné des jeunes qui roulaient trop vite sur des deux-roues débridés et sans casque, un vrai scandale de santé publique dans l’indifférence des pouvoirs publics. On a sacrifié des dizaines de milliers de vies pour ne pas entraver un secteur industriel qui exportait dans le monde entier. C’est surtout vers les années 1960 que la voiture a pris le relais. En France, le parcours de mobilité est passé du vélo au deux-roues motorisé, puis à la voiture. En Allemagne, en revanche, on est passé directement à la voiture.
La suite de ce texte « La revanche de la bicyclette », interview de l’économiste et urbaniste Frédéric Héran, dans le numéro 9 de So Good.