Avoir la chance d’accéder au meilleur de la presse cycliste et partager un extrait qui a retenu l’attention : telle est l’intention de cette rubrique de Gravillon baptisée « Morceau choisi ».

Nouvel invité de cette série d’articles qui rend hommage à l’écrit, à l’encre et au papier : le magazine 200 dans son hors-série « Destination voyage(s) ».

François Paoletti retrace une belle page d’histoire dans le premier hors-série du magazine consacré au(x) voyages(s) en racontant la naissance des congés payés, en 1936, sous l’impulsion de Léon Blum. Une liberté soudaine que certains ont mis à profit pour partir à l’aventure au guidon, sous l’œil de photographes curieux, comme Henri Roger-Viollet, qui ont immortalisé ces moments cruciaux du progrès social initiés par le Front populaire.

Tandem
Dans son numéro du 13 août 1936, la revue de photo-journalisme Regards consacre une double page à l’éloge du cyclotourisme : « Un mode économique et sportif de voyage. Il permet de voir et de bien voir, mieux que voit l’automobiliste qui brûle des kilomètres, étouffé sous le plafond de sa voiture, mieux que le tourisme encaqué dans les cars à circuit omnibus. Pas de bruit de moteur, pas d’odeur d’essence, jamais de graves ennuis mécaniques, pas de présence imposée. Le cyclotouriste est seul en face de la nature, livré à sa fantaisie. »
À Saint-Brieuc, les premiers « congés payés » à vélo sont arrivés début juillet, la musette sur le dos, comme le racontait Pierre au Parisien, en 2016, lors du quatre-vingtième anniversaire. Il gardait en mémoire l’image d’un coupe en tandem, stoppant net devant une épicerie « pour s’acheter des tomates fraîches, avant de les manger comme des fruits. »
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Roland Barthes aurait pu consacrer l’une de ses « mythologies » à la place du vélo et du tandem dans les images de cet « été 36 », dans les souvenirs des derniers témoins, et dans l’imaginaire collectif. Il aurait souligné que liberté et vélo ont toujours fait bon ménage. Et que, « la liberté guidant le peuple », le peuple de 1936 se déplaçait à vélo dans les villes comme dans les campagnes.

La suite de ce texte « Vas-y Léon », écrit par François Paoletti, dans le hors-série « Destination voyage(s) » de 200.