Over the crests - Day 4 © DR
Rester concentré. Malgré ce sentiment du devoir — presque — accompli. Car, à l’entame de cette quatrième journée, le lendemain de notre conquête victorieuse du toit du monde pyrénéen, quelques précautions s’imposent. Un rapide regard sur les reliefs du jour nous invite à l’humilité. Et la réputation des cols du Menté et du Portet d’Aspet nous pousse à la prudence.
Pour l’occasion, nous avons décidé d’arborer une tenue commémorative. Un maillot distinctif. Nous entrons dans un territoire chargé de symboles. Nous empruntons des pentes marquées par des épisodes dramatiques de l’histoire du Tour de France. Le jersey des Fireflies s’impose.
Souffrance est le terme volontiers associé à ces cols. Celle endurée par Luis Ocaña après sa chute dans le col du Menté sur le Tour 1971, obligeant le porteur du maillot jaune espagnol à abandonner. Celle ressentie par la famille et les amis de Fabio Casartelli à l’annonce du décès du jeune coureur italien survenue dans la descente du col du Portet d’Aspet en 1995.
Une sorte d’enfer cycliste. Une terre brûlée sur laquelle plane le souvenir. Le corps s’accoutume désormais des exigences de l’altitude et des ascensions. Il laisse l’esprit vagabonder davantage. Une paix soudaine qui ramène nos pensées vers ceux qui souffrent. #forthosewhosufferweride. Ceux à qui nous dédions cette traversée Over the crests. Gloires du peloton. Gloires de nos vies. Elles sont toutes à nos côtés dans ces pans de montagnes pyrénéennes.
Le répit est de courte durée. La chaleur recentre nos préoccupations. Notre avancée vers l’Est nous expose à des températures plus élevées. Et nous amène sur des terres qui peinent à retenir leurs habitants. Pour la première fois, nous roulons pendant des dizaines de kilomètres sans croiser âme qui vive. Sans ces villages ombragés, offrant l’eau rafraîchissante de leurs fontaines à nos bidons vidés en chemin. Une ambiance d’expédition au long cours s’installe doucement.
L’eau des quelques torrents rencontrés dans la pente est notre seul réconfort. Une eau qui se mérite, jaillissant parmi les orties et attirant sur nous l’attention de taons se détournant quelques instants des bovidés qui ruminent sur notre passage. Ce col de la Core n’en finit pas. Il est fournaise. Il est pénitence. Il nous oblige à révéler de nouveaux courages. Un panache inédit.
Luchon – Massat (130 km – 2506 m D+) ⎥ Col de Menté ⎥ Col du Portet d’Aspet ⎥ Col de la Core
En images sur Flickr⎥ En reliefs sur Relive⎥ En chiffres sur Strava
Les partenaires de cette chevauchée fantastique : Louison Bobet⎥ CMT Bikes⎪Maillot Distinctif