Michel Audiard - Le p'tit cycliste du cinéma © Jean-Claude Deutsch
Michel Audiard a toujours porté la casquette. À la ville comme au guidon. « Je porte une casquette parce que je ne peux pas faire du vélo avec un casque à pointe. » À José-Alain Fralon de nous le rappeler dans le formidable Schnock. Voleur de vélos à grand échelle. Passionné de cycles dans les grandes largeurs. Le jeune Michel tourne en rond. Au point d’en faire une spécialité. Et d’en cracher ses boyaux.
Dans ce Vel d’Hiv dont il a longtemps écumé les travées, il se met en piste. Au détour de cet anneau, il rencontre André Pousse, espoir du cyclisme des années d’après-guerre qui deviendra l’un des acteurs de tempérament d’un cinéma français en noir et blanc, emprunt de gouaille et de castagne. Mais il doit cette fois se contenter d’un second rôle.
Ravalant tout espoir de gloire cycliste, Michel Audiard se consacre à l’écriture, marquant l’époque de sa verve de dialoguiste et dissertant sur le vélo à la moindre échappée. Et c’est à des monuments, comme Jean Gabin dans Rue des prairies, qu’il confient le soin de lancer le sprint.
Les amis et le vélo seront des compagnons de chaque instant. Chacun recevant son dû rhétorique et cycliste. Lino Ventura : « D’accord, Lino, il a un vélo, mais il fait de la bicyclette ! » Ou Jean Carmet : « Carmet, au cinéma comme dans la vie, ça a toujours été qu’un porteur de bidons. Au cinéma, on appelle ça servir la soupe. »
Et Philippe Delerm d’user de sa plume dans La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules pour épiloguer sur la liaison entretenue par Michel Audiard avec le vélo : « Michel Audiard en knickers et chaussettes hautes s’arrête pour boire un blanc au comptoir d’un bistrot, c’est du vélo. Un adolescent en jeans descend de sa monture un bouquin à la main et prend une menthe à l’eau à la terrasse : c’est de la bicyclette. »