Gravillon, auréolé d’un périple 2015 qui l’avait amené aux sommets des Pyrénées, s’est élancé en cet incertain printemps 2016 à l’assaut des monts arvernes. Rayonnant depuis son camp de base mont-dorien, l’équipée sauvageonne s’est donc attaquée tour à tour aux difficultés ceinturant le Puy de Sancy et aux reliefs serpentant parmi les volcans d’Auvergne.
En comparaison des dénivelés domptés autrefois dans le Soulor, l’Aubisque ou encore le Tourmalet, les pourcentages de ce Massif Central semblaient devoir se gérer la tête haute et la pédale alerte. La réalité a poussé l’assemblée roulante à se raviser immédiatement, se heurtant dès les premiers hectomètres du col de la Croix Saint-Robert à des murs bitumés contrariant les réserves de souffle et les vigueurs du mollet. Une impression confirmée à l’entame de la montée vers la station de Super Besse à laquelle le groupe s’est attaqué, malgré un vent de Nord décidé à souffler défavorablement et l’avis de cyclistes locaux invitant au contournement. Après le passage au col de la Geneste, l’allégresse d’un peloton regroupé pour quelques instants éphémères s’estompant rapidement, le destin des plus faibles a basculé, roues et énergies s’enfonçant inexorablement dans les plis d’un goudron malmené par les intempéries de l’hiver.
Au retour d’une nuit que l’excitation et la truffade sont venues perturber, la Croix Morand s’est présentée au programme d’une horde comptant désormais huit rouleurs. Une ascension dans un silence à peine contrarié par quelques soupirs et le suintement des bidons. Une concentration laissant le murmure de Jean-Louis Murat s’immiscer par instant : « Quand à bride abattue — les giboulées se ruent — je cherche ton nom — j’en meurs mais je sais — que tous les éperviers — sur mon âme veilleront. Par mon âme et mon sang — Col de la Croix Morand — je te garderai ». Et puis l’ovation est venue briser le calme de l’altitude. Ici, au bout de l’effort. Là, au sommet du col. Au pied de ce panneau, point de convergence de toutes nos souffrances et satisfactions.
Ce voyage en Auvergne a été prétexte à la dégustation de spécialités locales. Gravillon s’est rendu chez le meilleur artisan de la région pour admirer sa vitrine et goûter à ses créations. Une visite spéciale de l’atelier de Victoire Cycles a donc ponctué un séjour fait de roulages et de découvertes. L’occasion de discuter avec Julien, le fondateur de la marque, d’admirer l’actualité du moment et de tourner les regards vers le Concours de Machines qui renaîtra en juillet 2016.
Des panoramas qui resteront dans les mémoires.